Message de Père Evariste aux paroissiens

"Quelques échos, en ce temps de confinement

Frères et sœurs, depuis plus d’une dizaine de jours maintenant, nous apprenons à vivre tant bien que mal avec le confinement. En ce temps de confinement, je viens, par ce mot, vous apporter les échos qui me parviennent des paroissiens de Saint Jean en Sud-Nivernais ! 

De tous ces échos, je retiens quelques motifs d’actions de grâce mais également de supplication.

1. Motifs d’action de grâce. 

Pour beaucoup de paroissiens, il n’a pas fallu bien longtemps, après l’annonce des mesures de confinements, pour entrer dans une vie de prière soutenue et voir apparaître une vague de solidarité dans notre Paroisse. 

Premièrement : une vie active de prière soutenue. Beaucoup de paroissiens ont immédiatement mis à profit cette situation exceptionnelle pour s’adonner à la prière. Dans le confinement, leur quotidien est rythmé par la méditation de la Parole de Dieu, le chapelet, le Chemin de Croix, l’écoute suivie de la radio RCF… la prière en communion avec le prêtre pendant la messe… cette communion qui est en train de se vivre est fortement ressentie par les priants de la Paroisse. Beaucoup de témoignages abondent à ce sujet et sont surtout réconfortants pour moi, prêtre, souffrant de célébrer la messe en l’absence du peuple. Merci beaucoup pour cette mission quotidienne de prière que vous remplissez afin de vaincre cet ennemi invisible et mortel ! 

Deuxièmement : Une vie active de charité fraternelle perceptible : Depuis le début du confinement, les paroissiens se serrent les coudes et ne manquent pas d’inventivité lorsqu’il s’agit d’exprimer son soutien. 

En plus de la prière quotidienne soutenue, d’autres touchantes initiatives de Charité fraternelle ont été mises en place pour aider, réconforter, encourager, communiquer, demander et/ou donner des nouvelles… les réseaux sociaux n’ont d’ailleurs jamais aussi bien porté leur dénomination.

Rendons grâce au Seigneur pour nos frères et sœurs qui s’investissent auprès de celles et ceux qui sont dans le besoin. C’est sur cette bonne voie, celle de la Charité fraternelle, que l’on rencontre le Christ-Roi. Son Royaume est un monde de gens à aider et de gens qui aident (Mt 25, 31-46). Chaque fois que nous aidons, nous choisissons Jésus comme roi ! Continuons à être attentifs à l’autre afin de pouvoir lui apporter, s’il en a besoin, soutien et réconfort.

Les motifs d’action de grâce sont innombrables. Mais, quelques témoignages reçus m’ont ouvert les yeux à deux réalités :

Les crises ont souvent du bon ! 

En ce temps de confinement, beaucoup de foyers vivent les meilleurs moments de leur existence et découvrent la véritable affection d'une famille. Les parents n'auront jamais eu autant de câlins des enfants, vice versa. 

En ce temps de confinement, les élans de solidarité sont en train de resserrer les liens intergénérationnels et l’entraide esquisse un nouveau rapport au voisinage. C’est formidable. On assiste au réveil d’une conscience collective, d’une conscience de l’autre 

2. Motifs de supplications

A côté de ces familles soudées et des élans de solidarité qui fleurissent, nombre de nos frères et sœurs sont confrontés, eux, à la triste réalité de la vie amplifiée par le confinement : brouille, mésentente, discordes, querelles…Je confie à votre prière, celles et ceux dont je reçois ces témoignages, qui, en ce moment, plus que d’habitude, souffrent de violences intrafamiliales. «On en bave», me disent-ils ! Je crains que ces populations, malheureuses, ne soient plus nombreuses que les contaminés qui eux, finiront par guérir. Prions pour eux.

Parlons de nos ainés ! En ce temps de confinement, nos séniors ne peuvent plus sortir, ni recevoir de visites. Ces mesures sont nécessaires pour leur santé mais restent difficiles à vivre au quotidien. 

Nombre de nos séniors n’ont aucun proche ni famille qui pensent à eux, à qui téléphoner ou qui peuvent leur apporter des petits colis… Pas facile d’aider les gens qui sont dans le besoin lorsqu’on ne peut sortir de chez soi, mais nous nous organisons pour leur venir en aide : on se propose pour leur faire des courses, on leur passe un coup de fil, on  leur apporte des douceurs à manger ou à boire... témoignent certains paroissiens. Prions pour nos ainés.

A toutes ces souffrances liées au confinement, s’ajoute la dure épreuve de la mort ! Le plus difficile « pour nous, familles endeuillées est de ne pas pouvoir nous rassembler dans l’église pour la célébration d’obsèques, comme nous l’aurions aimé », me confient-elles.  En ce moment, les célébrations à l’église sont interdites. On propose un temps de prière au cimetière. Et quand le confinement sera fini, en commun accord avec chaque famille, on fera, à l’église, en l’absence du corps, une célébration plus longue. C’est douloureux, mais c’est le plus sage en ce moment. Prions pour toutes ces familles en deuil. 

Frères et sœurs, cette crise nous touche tous. L'inquiétude provoquée par le coronavirus lamine notre moral et entraine la plupart d’entre nous dans des situations graves, complexes, dangereuses. Beaucoup d’indices montrent qu’il y a encore, devant nous, des moments longs, difficiles, et sans doute douloureux. Prions le Seigneur de nous aider à traverser au mieux ces jours d’angoisse.

« Prions encore et encore ! », disent beaucoup de paroissiens, avec raison ! En période de crise comme celle que nous traversons en ce moment, prier c'est une des façons d'aider les autres mais aussi de s'aider soi-même. La prière des jours heureux est chose facile, mais c’est dans les moments graves, douloureux qu’elle trouve toute sa véritable dimension. Investissons-nous massivement dans la prière. 

Notre prière persévérante nous aidera à vivre cette épreuve dans la foi en Jésus Christ Vainqueur de tout mal, elle permettra que le monde sorte transformé de cette épidémie, et que cette crise soit une occasion de revenir à Dieu. 

Que notre foi en Jésus Christ continue, envers et contre tout, d’animer nos pensées et nos actes dans une prière assidue. 

NB : 

• N’hésitez pas à m’envoyer vos témoignages sur ce que vous vivez aussi, chez vous dans le quotidien. Votre témoignage réconfortera les autres !

• Restons mobilisés pour la prière et la charité fraternelle. Cela nous permettra de sortir vivants de cette crise.

• Tous les jours à 11h00, je célèbre la Messe à l’Oratoire à Decize. Restons en union de prière.

• Chaque fois qu’il y a demande, j’accompagne les familles au cimetière pour les obsèques. Portons-les dans nos prières.

• Quelles propositions pouvez-vous me faire pour la Semaine Sainte ?   

Que Dieu tout-puissant vous bénisse, le Père, le Fils et le Saint Esprit ! Bon courage ! Demeurez dans la paix et la joie du Christ. "