Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
kteVieLaMachine
5 avril 2020

Homélie du Père Evariste du dimanche des Rameaux

Aujourd’hui s’ouvre la Semaine Sainte : nous allons méditer les événements qui ont donné naissance à cette semaine. Ce sont, sans conteste, les événements qui ont fait basculer le cours de l’histoire, et changé le visage de la planète. Est-ce une coïncidence, un clin d’œil, un signe… que nous les vivions, aujourd’hui, en confinement et, de surcroît, dans une période qui bouleverse tous nos plans humains ?  Il y a de quoi s’interroger ?

Nous commençons la Semaine Sainte par le récit de la Passion du Seigneur selon Saint Mathieu (26, 14 – 27,66).Nous pouvons donc nourrir notre foi, notre espérance, notre courageet notre amour du Seigneur, des autres et de nous-mêmes avec les deux contemplations : ce récit selon Saint Mathieu pour aujourd’hui et celui de saint Jean pour le Vendredi Saint.

Avant de vous inviter à la méditation, je voudrai répondre à une question qui m’a été posée récemment par un paroissien méditatif. Peut-être, vous la posez-vous aussi : Père, dites-moi, pourquoi tant d’insistance sur la mortde Jésus ? Ma réponse a été une invitation à la méditation. Et c’est également à cette méditation que je vous convie dans ces quelques lignes : - Quedirais-tu d’une biographie dans laquelle la part la plus importante serait consacréeà raconter la mort de celui dont on veut parler ? En plus, ce qui est surprenant c’est que ces récitsont été écrits après la résurrection, par des croyants vivant dans la lumière de l’événement imposant de Pâques. Or, ils n’ont pas insisté sur cela. C’est dire que lamort de Jésus doit être capitale : il y a un secret à y découvrir ! Ce secret réside en ce que cesrécits de la Passion du Seigneurne sont pas des textes comme tant d’autres ou des histoires … mais une invitation à la découverte, puis à la contemplation de Quelqu’un à imiter.

Autrement dit, en écoutant la Passion, en la méditant, ne reste pas trop dans des contemplations doloristes en détaillant les souffrances de Jésus à l'extrême, laisse-toi emporterpar l’adoration du Seigneur Jésus, en t’imprégnant de Son amour et de Son courage.

Un rendez-vous avec Jésus sur la croix reste vain s'il ne va pas jusqu'à des expériences de foi en lui.

Les souffrances du Christ nous ont obtenu la grâce et la puissance de tout vivre.

Allons vers Lui, en toute confiance, déposer à Ses pieds nos peines. On dit souvent que c’est à la profondeur des fondations d’un immeuble que l’on peut estimer la hauteur qu’il fera ! C’est à la profondeur de ma communion avec Jésus que je peux estimer la solidité de ma vie, de ma foi, de mon espérance et de mon courage en cas de coup dur. Jésus, seul peut nous sauver, par la puissance de son amour, prouvé sur la croix, élargi à tout homme par sa résurrection. Il s’est engagé personnellement : venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau et je vous soulagerai (Mt 11, 25 – 28).Il n’a pas prononcé cette parole en l’air. N’oublions pas que par Sa Parole, Jésusa apaisé la tempête, a guéri le paralytique, a ressuscité un mort. Enfin, voilà quelqu’un quis’intéresse vraiment à ce que nous sommes, pour ce que nous sommes, là où nous sommes.

Face aux difficultés de la vie, il est parfois difficile de croire en l’amour de Dieu. Il n’est pas facile non plus d’en parler. Cependant, les récits de la passion nous invitent à prendre conscience que nous sommes aimés par le Christ et que Sa volonté est de sauver. Il a connu la mort, notre mort humaine. Attachés à Lui par la foi, noussommes entraînés vers la Lumière de la Vie

Notre attachement au Christ, en ces temps de confinement, se vit essentiellement dans sa Parole, puisqu’il nous est impossible d’aller à la messe pour communier. Mais n’oublions pasqu’il nous a donné l’un de ses plus beaux conseils et nous a fait l’une des promesses les plus importantes de notre vie : écoutez ma Parole, mettez-la en pratique et votre vie sera construite solidement (Mt 7, 24).

Efforçons-nous donc d’écouter le Seigneur. Dans sa passion, Il nous invite au courage. Dans ce que nous vivons actuellement, nous pouvons réagir comme Lui et c'est cela qui va nous sauver. Il nous a donné non seulement ses paroles et ses exemples mais aussi ses propres forces.De sa croix, incliné vers nous, le Christ nous invite à la confiance : je suis avec vous tous les jours…

Frères et sœurs, pendant les jours de la Semaine sainte, dans notre méditation, mettons-nous à l’écoute du Seigneur et laissons résonner en nous, telle ou telle parole de sa part qui parle le plus à notre cœur, à notre situation personnelle, familiale…laissons sa soif d’accomplir la volonté du Pèrefaçonner notre vie.

Afin de mieuxretenir les enseignements de sa passion et en recueillir les fruits, nous Le suivrons dans sa passion, depuis le sordide contrat de Judas, jusqu’à l’ensevelissement dans un tombeau en passant par sa dernière soirée avec ses apôtres, son agonie de Gethsémani, l’abandon de ses amis, son jugement, sa mise en Croix, sa mort après beaucoup de souffrances.

A chaque étape de la Passion, notre regard fixé sur Jésus,nous Lui dirons :Seigneur Jésus, à ce moment précis de ta Passion fais-moi comprendre ce que tu veux m’apprendre sur toi, sur moi, sur mon entourage, ma famille, ma paroisse… 

Frères et sœurs, en ces temps difficiles, en méditantla Passion du Seigneur, il est impossible de rester imperturbables devant ce cri de Jésus qui rappelle celui de toute l’humanité aux prises avec la pandémie : Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?, ou alors, c’est que le cœur nous fait défaut.

Ce cri de Jésus, n’est-il pas celui de celles et ceux qui souffrent terriblement et qui tombent sous leur croix (maladies, épidémie, deuil, mésententes, brouilles…) et qu’on n’arrive pas à consoler ? … lesisolés, les confinés, les découragés, lesdéprimés, les démoralisés, les dégoûtés, les abattus, les écœurés…à quion ne peut rendre visite à cause de ce fichu COVID-19…bref, le cri de Jésus est le cri de celles etceux dont nous faisons peut-être partie, qui, dans leur solitude, sont en train de dire avec Jésus, dans leurs prières de ce moment pour toucher le Père du Ciel : « mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

Danssa Passion, Jésus nous rejoint : dans son cri, notre voixestportée au Père, dans ses souffrances, nos souffrances actuellessontprésentées au Père.

J’hésite un peu à continuer quand je pense à celles et ceux qui souffrent abominablement dans leur corps et dans leur cœur, et qui vont lire ces lignes. Mais qu’est-ce que je suis devant une parole inspirée, sinon celui qui essaie de l’accepter assez profondément pour la redire de son mieux ?Eh, bien, j’ose nous dire que nos épreuves sont légères comparées à celles du Christ.Je pousse le bouchon loin : nos épreuves préparent notre gloire, comme il fallait que le Christ souffre tout cela pour entrer dans sa gloire (Lc24, 26). Très dur à comprendre, très dur à accepter, et pourtant Jésus nous traitera gentiment d’idiots tant que nous n’aurons pas vraiment intériorisé ce secret des secrets. Il nous secouera tant que nous n’aurons pas vraiment admis ce chemin de peine :Esprits sans intelligence ! Cœurs lents à croire ! (Lc 24, 13.35), tant que nous n’aurons pas vraiment compris que la grande trajectoire de la Croix (laPassion) à la gloire (la Résurrection), l’histoire du Christ, c’est l’histoire du monde, c’est l’histoire de chacune de nos vies.

Dans ce chemin de croix à vivre, une seule chose, je crois, peut nous permettre de tenir, de tout porter, pour nous-mêmes, pour ceux que nous aimons et que nous voyons souffrir à un point qui nous déchire : le regard de Jésus sur la croix,sa paroledans les évangiles.

Ce qu’il nous faut en ces jours Saints, c’est fixernotre regard sur le Christ en croix, lui présenter de tout cœur notre monde, la vie de celles et ceux dont la viequotidienne est faitede Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Jésus Christ, mort et ressuscité, est devenu notre principale raison de faire confiance à la vie, même dans les déchirures de la mort. Le Christ est mort de telle façon que depuis cette mort souffrir et mourir peuvent se vivre dans l’amour et l’espoir.

Ce ne sont pas là des choses faciles à comprendre, mais, chrétiens, nous sommes des lumières dans la mesure même où nous vivons ce que nous disons  et qui nous fait vivre. Sinon nous ne sommes que des cruches qui livrent mal leur trésor !

Devant la souffrance, la mort, les premiers mots qui montent aux lèvres ce sont les mots d’une prière déchirée, ce cri de Jésus : Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? Vivre encore !  Mais nous savons aussi par un autre récit qu’il achève sa vie sur une prière d’offrande : Père, je remets ma vie entre tes mains » Offrir.

Aujourd’hui, c’est notre vie, la vie du monde qu’il nous faut remettre à Dieu. Nous le faisons dans l’offrande de Jésus.

 

 

crucifix

Publicité
Publicité
Commentaires
kteVieLaMachine
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Visiteurs
Depuis la création 36 026
Newsletter
12 abonnés
Publicité