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kteVieLaMachine
11 décembre 2020

une histoire d' amitié et ...de football

Vendredi 11 décembre 2020

Oliver et le football 1/2

Le garçon du manoir

Oliver sifflait joyeusement en marchant d'un pas ferme sur la petite route qui menait de son village, Berligham Green, à celui d'Hemblington, où se situait l'atelier de son patron. Il accéléra un peu quand il fut en vue des vieilles bâtisses du manoir. Situé le long de la route déserte, entre les deux villages, le Hemblington Hall formait un ensemble de bâtiments en briques rouges, protégé par des haies imposantes. On n'y voyait jamais personne d’autre que quelques domestiques discrets, mais dès qu'on s'approchait deux énormes chiens se jetaient contre le portail en aboyant comme des damnés. Oliver n'était jamais tranquille en passant par là.

En ce milieu du XIXème siècle, dans l'Est de l'Angleterre, Oliver, garçon de quatorze ans, pauvre, travaillait durement pour apporter un peu d'argent à ses parents.

En passant devant la grille du manoir, il entendit un cri : "attention !" et reçut un choc sur le côté de la tête. Il ne perdit pas connaissance, mais tituba et finit par s'asseoir dans l'herbe mouillée du bas-côté, à moitié assommé. Il aperçut un drôle de ballon en cuir brun non loin de lui, et entendit quelqu'un courir. Bientôt, un garçon de son âge, l'air inquiet, apparut et lui dit :

- Désolé, je ne vous ai pas trop fait mal ?

- Ça tourne un peu, dit Oliver, mais cela devrait aller...

- Vraiment ? Demanda l'autre. Vous avez l’air bien sonné.

Sans vraiment savoir ce qui lui arrivait, Oliver laissa l'autre garçon le relever, le saisir sous les bras et l'emmener vers le manoir. Ils traversèrent une cour en gravier, et entrèrent par une petite porte dans la cuisine. Une grosse femme aux joues rouges avec un tablier leva les mains au ciel :

- Seigneur, qu'est-ce que qui se passe ? Demanda-t-elle

- Mary, dit le garçon, j'ai peur d'avoir assommé celui-ci avec mon ballon. Auriez-vous des compresses froides ?

Oliver se retrouva assis sur un tabouret, avec son hôte accroupi devant lui qui l'observait d'un œil inquiet.

- Je suis George, dit-il. George de Hemblington.  

- Moi Oliver. Vous êtes le fils du Lord ? Demanda Oliver, étonné.

- Parfaitement, répondit l'autre. Et j'ai bien cru vous avoir tué !

- Tout va bien, votre seigneurie… Mylord… Monsieur… dit Oliver, intimidé et inquiet. Je ne vais pas vous embêter plus longtemps.

Il se remit debout tant bien que mal, mais dut se raccrocher à une table. Il n’osait plus regarder l’autre garçon dans les yeux. George, piqué au vif, fronça les sourcils et s’écria :

- Le seul qu’on appelle Lord ici, c’est mon père ! Vous et moi nous avons le même âge ! Mais si vous allez mieux, je ne peux pas vous retenir.

Il tourna les talons et disparut dans les profondeurs du manoir. La cuisinière revint avec un linge trempé d'eau froide, et en tapota la tempe d'Oliver.

- C'est un bon garçon, dit-elle. Mais si seul ! Il était à Eton, vous comprenez. Mais les maîtres ont dû le ramener ici. L'air de la campagne lui convient mieux, surtout après ses problèmes...

Une voix d’homme cria soudain :

- Mary !

Le nom claqua comme un coup de fouet, la femme sursauta, et un vieil homme en redingote, l'air revêche, fit son apparition.

- Monsieur ne vous paye pour raconter la vie de sa famille au premier venu, dit-il. Jeune homme si vous allez mieux, j'ai fait atteler, je vais vous raccompagner.

Assis dans la calèche qui le ramenait chez lui, tenant la compresse fraîche contre sa tempe qui le lançait douloureusement, Oliver regarda s'éloigner le grand manoir, et aperçut George qui jouait avec son ballon, tapant dedans avec le pied.

- Du football, dit le vieil homme à côté de lui. Les jeunes nobles en sont fous, ces temps-ci. Le croirez-vous ? Ils n'utilisent que leurs pieds pour jouer ! Je préfère une bonne soule ! Ce sport de gentlemen n'a aucun avenir, croyez-moi !

Oliver resta perplexe. Un jeu de balle uniquement au pied ? Il repensa aux matches de soule au village. Tous les coups étaient permis, et il était exceptionnel qu'il n'y ait pas de blessé ! On pouvait prendre le ballon à la main, plaquer un adversaire ou le pousser de l’épaule… On pouvait même en venir aux poings. Il n’était pas rare que l’un ou l’autre laisse une dent sur le terrain…

Ce soir-là, entouré de ses frères et sœurs, il n’arrêtait pas de penser au jeune Lord, seul dans son grand manoir, et à son drôle de jeu.

 

Et voilà ! Retrouve la suite demain :

Quelle rencontre étonnante. Oliver mis hors jeu reviendra-t-il dans la partie ?

Le conseil du jour

Aujourd'hui je m'intéresse à un camarade isolé.

Pour aller plus loin

Ah, l’Angleterre du XIXe siècle, c’était vraiment une autre époque ! Par exemple, Oliver, issu d’une famille pauvre, ne va pas à l’école. Il travaille comme apprenti chez un patron, et donne toute sa paye à son père, pour faire vivre la famille. Et pas question de garder le moindre penny pour lui, sinon, gare ! Ça te choque ? C’est normal, les temps ont changé, et heureusement, on a beaucoup évolué pour ce que l’on appelle les droits des enfants.

Par exemple, au début du XIXème siècle, on considérait que faire travailler les enfants pauvres très tôt à l’usine (dès cinq ans !) était un acte charitable, qui leur rendait service : ainsi ils avaient un métier et évitaient le chômage, qui était le pire des fléaux.

Cela a continué pendant longtemps, les lois protégeant les enfants se sont mises en place petit à petit. Voici par exemple un atelier d’empaquetage du thé en 1910 :

Aujourd’hui, dans de nombreux pays du monde (mais pas tous !) il est interdit de faire travailler les enfants, et l’enseignement (à la maison ou à l’école) est obligatoire. Seuls sont autorisés les petits « jobs » pour se faire un peu d’argent de poche. C’est même la norme dans certains pays, comme l’Islande, où les adolescents font de petits travaux comme livreurs de journaux. Mais ce n’est pas lié à la pauvreté, ni un temps plein : ils vont à l’école, et leur petit travail est une façon d’apprendre à devenir responsable !

Mais revenons à notre histoire. Figure-toi que le manoir devant lequel passait Oliver existe encore. Le voici :

Il est chouette non ? Au fait, as-tu bien écouté notre histoire ? Si oui, tu devrais répondre sans hésiter à ces questions :

1) Pourquoi Oliver a-t-il un peu peur quand il passe devant le manoir ?

Réponse : on n’y voit jamais personne sauf quelques domestiques, c’est un peu vide et inquiétant, et il y a des chiens méchants qui aboient dès qu’on s’approche !

2) Pourquoi Oliver, à quatorze ans, travaille-t-il déjà chez un patron ?

  • Il n’a pas été sage, alors il est puni
  • Il a co-fondé une start’up, il est community manager chez un charron
  • Il est issu d’une famille pauvre, pas le choix, tout le monde travaille !

(La bonne réponse est la dernière !)

Province ecclésiastique de Reims
20 rue de l'abbé Pierre Gillet
51000 Châlons-en-Champagne
lecheminversnoel@province-reims.fr

Cet email a été envoyé à soizic.raes@gmail.comcliquez ici pour vous désabonner.

Place au jeu !

Les jours suivants, Oliver passa devant le manoir, matin et soir, pour essayer d’apercevoir George qui jouait seul au « football » dans le grand parc. Un soir, il était même près de la grille. Oliver s’arrêta et l’appela :

- Mylord !

Mais George fit semblant de ne pas l’entendre. Oliver soupira et appela de nouveau :

- Votre seigneurie !

Rien. Oliver essaya une dernière fois en criant presque :

- George !

Aussitôt, l’autre garçon vint vers lui, tout sourire, balle au pied. Il lui dit, d’un air joyeux :

- Oliver ! Voulez-vous jouer ?

- Oui je veux bien, mais pas trop longtemps.

À partir de ce jour, Oliver partait un peu plus tôt chaque matin, et rentrait un peu plus tard le soir. Il échangeait ainsi quelques « passes » avec George, et les deux garçons apprenaient à se connaître. C’était comme si le ballon effaçait tout ce qui les séparait.

Au début, Oliver se montrait un peu brusque, donnait des coups d’épaule ou prenait le ballon avec les mains, au grand désarroi de George qui tentait de lui expliquer les règles de ce nouveau sport. Oliver fut stupéfait d’apprendre qu’on n’avait pas le droit de taper son adversaire, ni de lui faire un croche-pied, ni de le mordre. Il y avait tant de règles à respecter ! Mais au final, ce n’était pas si mal comme sport.

Un après-midi, pendant qu’ils goûtaient ensemble, Oliver dit à George :

- Je voudrais monter une équipe de football avec les garçons du village ! J’aimerais beaucoup leur apprendre ce sport !

- Oh, dit George d’un air soudain triste.

Oliver fut surpris et demanda :

- Ça va pas ? Qu’est-ce qu’y a ?

- Non, dit George, c’est juste que… J’ai été heureux de vous connaître.

- Mais de quoi parlez-vous ? s’écria Oliver. Je ne vais nulle part ! Et vous non plus j’espère ?

- Mais si, voyons, lui dit George. Vous êtes la seule personne que je vois, en-dehors de mes parents et des serviteurs. Mais ce n’est pas pareil, vous comprenez ? Si vous jouez au football avec vos amis, vous ne viendrez plus ici, et d’ici peu, vous m’aurez oublié…

- Mais ça n’a rien à voir, protesta Oliver. Et puis, je vois qui je veux ! Je ne suis pas un de vos domestiques !

Il regretta aussitôt ses paroles. Il aimait bien George, et malgré leurs différences, il le considérait comme un ami, au même titre que Jo, Fred, Peter et Mitch, ses copains du village. George le regarda d’un œil noir, serra les mâchoires, et se leva.

- Puisque c’est comme cela que vous voyez notre amitié, je pense qu’il faut y mettre fin.

Oliver voulait dire quelque chose, mais il n’avait jamais été très fort avec les mots. George attendait des paroles de réconfort, mais elles ne vinrent jamais. Il finit par perdre patience et cria :

- Et puis zut, à la fin, je ne veux plus jamais vous voir ici !

George shoota un grand coup dans le ballon et s’enfuit.

Étaient-ce des larmes qu’Oliver avait aperçues dans les yeux de son ami ?

Il resta un long moment figé sur place. Il alla parler à Mary. Il lui expliqua ce qui s’était passé. Elle lui dit d’une voix douce :

- Il a tellement changé depuis qu’il vous connaît !

Il n’a pas toujours été heureux… et je crois bien qu’il a peur de se retrouver seul.

Oliver réfléchit à ce qu’elle venait de dire. Les idées se bousculaient dans sa tête.

Mary finit par se racler la gorge pour attirer son attention.

- Euh ? demanda Oliver d’un air idiot.

- Que Monsieur Oliver m’excuse, dit-elle, mais il me semble qu’il serait utile à Monsieur Oliver de savoir que la chambre de Mylord est juste au-dessus de l’escalier, à droite en sortant de la cuisine. Monsieur a filé sans prendre sa potion du soir, et vous pourriez lui porter.

- Okay, dit-il, empoignant le verre qu’on lui tendait.

Il trouva la chambre, frappa à la porte, et entendit George crier d’entrer. Il poussa la porte et trouva son ami assis sur un grand lit, les yeux rouges.

- Que faites-vous ici ? s’étrangla George en s’essuyant rapidement les yeux.

- Je suis venu m’excuser, dit Oliver, regardant autour de lui pour trouver un endroit où poser le verre. Je ne sais pas comment ça se passe chez vous autres, dit Oliver, mais chez moi, quand on a un copain, on peut en avoir plusieurs. On n’est pas des jaloux ou je ne sais quoi. Moi j’aime bien venir ici… j’aime bien jouer au football, ajouta-t-il. Vous comprenez ?

- Je comprends dit George, je suis désolé. Je viens d’un endroit où ça ne se passait pas comme ça. Si vous n’étiez pas dans le bon groupe, on vous faisait du mal toute l’année, on vous faisait des crasses, on piquait vos affaires… C’était dur. Je ne sais pas… j’ai eu peur que ça recommence.

Oliver secoua la tête. Comment est-ce qu’ils fonctionnaient, dans la haute, pour réagir comme ça ? La vie est trop courte pour se prendre la tête avec des choses pareilles ! Ses copains étaient des gars simples, ils aimaient s’amuser ensemble, faire des bêtises, chiper des pommes, aller nager. S’il venait quelqu’un de plus, on lui faisait de la place, et puis c’était tout. « Il y aura toujours une place de plus autour du feu » disait son père.

Il eut une idée.

- Je sais ce qu’on va faire, dit-il, on va apprendre le football aux autres ! Vous verrez, vous n’aurez plus peur, quand on fait partie de la bande, c’est pour toujours !

***

Lord Hemblington rajusta ses bésicles pour observer son fils. Il vit que le garçon était tout à fait heureux. Il dit :

- Donc, si je comprends bien, vous voulez que je finance l’équipement d’une équipe de… comment dites-vous déjà ?

- De football, Mylord. Je pense que ce jeu a un brillant avenir ! Et ce sera moi le capitaine.

Lord Hemblington réfléchit. Il n’avait pas vu son fils aussi enthousiaste depuis longtemps. Rien que pour cela, il allait dire oui. Mais, entre nous, il ne croyait guère à l’avenir de ce nouveau sport…

 

Et voilà ! Laissons là Oliver et George, à la découverte de ce nouveau sport. Demain, nous retrouverons Tom et sa grand-mère dans une nouvelle aventure :

Tom passe le week-end chez sa grand-mère. Grâce à elle, il va découvrir qu'il est appelé à de grandes choses...

Le conseil du jour

Aujourd'hui, je fais la paix autour de moi.

Pour aller plus loin

Ah, le sport ! Quelle aventure. Avant d’être un loisir, ou, comme aujourd’hui, une façon de développer son caractère et de se maintenir en bonne santé, il a souvent dans l’histoire… remplacé la guerre ! Eh oui, quand deux clans, deux villages, étaient en désaccord, il était plus facile (et moins coûteux en vies humaines) de laisser les jeunes gens de deux quartiers ou deux corps de métier s’affronter symboliquement sur un terrain de sport, que les armes à la main. D’où le côté un peu brutal de certains sports, comme sur cette gravure :

Le football, lui, est apparu graduellement au cours du XIXe siècle. La fédération anglaise de football est née en 1863, pour des raisons très pratiques : comme chaque équipe (généralement composée d’élèves de grandes écoles) avait ses propres règles, les tournois étaient très compliqués à organiser ! Il fallait donc unifier tout cela. Voici une photo des premiers temps du football : Sheffield, la première équipe organisée, ici en 1857.

1) Question de vocabulaire : voici le mot football en différentes langues. Sauras-tu les reconnaître ?

A : Voetbal
B : Fútbol
C: Calcio

(Réponse : A – néerlandais – B – Espagnol – C – Italien)

2) Manifestement, Oliver ne connaît pas le football. Quel jeu de balle pratique-t-il avec ses amis et quelles sont les règles ?

Réponse : la soule, et il n’y a presque pas de règles, sauf marquer des buts. On peut jouer le ballon à la main, au pied, pousser l’adversaire et même le taper, et il y a souvent des blessés ! On comprend mieux pourquoi ce sport a disparu… ou presque, puisque dans le scoutisme il en existe une variante moderne et beaucoup moins risquée !

Les histoires vous sont offertes par les diocèses
de la province ecclésiastique de Reims.

chemin vers noël

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